Chap.10 : les pieds dans la boue (6)

.

Un troisième homme s’était joint à eux. Le restant du groupe de conseillers municipaux se tenait à distance, discutant de leurs préoccupations personnelles, d’un concours de gallinacés qui aurait lieu dimanche et de la façon de pouvoir disposer de la salle des fêtes pour les mariages et les baptêmes des membres de leurs familles. Le troisième homme parlait et les deux autres l’écoutaient : le capitaine de gendarmerie semblait bien le connaître.

LE COMMISSAIRE - Y a pas trente six mille solutions s’ils refusent le dialogue. C’est eux qui veulent fixer les règles.
DANIEL - Oui, et bien les règles sont celles de la République ! Et on les applique !
Merai regarda le jeune homme qui se voulait virulent. Il le salua.
LE COMMISSAIRE - Monsieur…

Après cette rapide salutation, Merai reprit sa conversation avec le représentant de l’ordre de gendarmerie :

LE COMMISSAIRE – D’autant que, là, vous avez à la tête du camp, deux frères : Teiji et Ylan Alderboom. Ce n’est pas pour repeindre les cellules qu’ils sont déjà passés plusieurs fois par la case prison. C’t’une situation qui peut, très vite, devenir explosive si on les cherche un peu. Vous savez, pour eux, y a une foi mais y a pas d’lois…Faut voir… J’vais voir c’que j’ai.

Il regagna sa voiture et se mit en route. Le maire l’interpella.

LE MAIRE – Merai ! La prochaine fois, daignez vous déplacer ! Monsieur le capitaine de gendarmerie nous a cordialement accompagné aujourd’hui mais c’est à vous qu’il incombe de régler le problème d’ordre qui menace cette chère ville dont vous avez la responsabilité.
LE COMMISSAIRE - Je vous tient au courant sur c’ qui se passe…

Le maire et le gradé s’accordèrent sur cette parole et tous les membres se rendirent à leurs voitures. En rejoignant son véhicule, et tout au long du trajet, Daniel se perdit partiellement en pensées haineuses contre ces sous-hommes qui faisaient fi de la république. Il avait pensé au meurtre. Seules ses chaussures étaient tâchées par la boue  

*